LE FIGARO : DÉCRYPTAGE - Le premier ministre Boris Johnson souhaite en finir avec les lois du pays sur la diffamation qui entravent depuis des années la liberté d’enquête sur ces proches de Poutine.
Un beau matin de printemps, Catherine Bolton, ancienne correspondante du Financial Times à Moscou, découvrait dans sa boîte aux lettres londonienne un courrier de l’oligarque russe Roman Abramovitch. Le milliardaire propriétaire de Chelsea portait plainte contre la journaliste pour diffamation, après la publication de son livre Putin’s People. Son enquête, qui met en lumière les personnalités qui gravitent autour des cercles de pouvoir de Vladimir Poutine, affirmait qu’il avait acheté le club de football en 2003 sur ordres du président russe. Défendu par Nigel Tait, associé du cabinet britannique Carter-Ruck, l’oligarque lui réclamait plusieurs millions de livres de dommages et intérêts.
«À coups de lettres, de coups de fil menaçants et de procès, les oligarques russes, aidés par de grands cabinets d’avocats anglais, empêchent depuis des années la publication de nombreux articles sur eux dans les journaux. Ces entraves à la liberté d’expression doivent cesser», témoignait Catherine Bolton la semaine passée, devant la commission parlementaire des affaires étrangères. Jusqu’à ce que la guerre en Ukraine bouleverse le climat politique, la population anglaise méconnaissait l’histoire des oligarques russes implantés dans les quartiers chics de la capitale, comme Knightsbridge et Belgravia. En grande partie parce que mener des enquêtes sur ces personnalités représente un risque financier de taille. Les rares rédactions qui s’y sont essayées, comme le Financial Times, The Guardian ou The Economist, ont été condamnées par les tribunaux à payer des millions de livres en diffamation. » | Par Claudia Cohen | vendredi 1 avril 2022
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