LE FIGARO : ENQUÊTE - Le chef du Kremlin exige des milliardaires visés par les sanctions, et qui vivent souvent à l'étranger, qu'ils soutiennent la cause de la Russie face aux Occidentaux.
« Je ne condamne pas ceux qui ont une villa à Miami ou sur la Côte d'Azur, qui ne peuvent pas se passer de foie gras, d'huîtres ou de la soi-disant liberté des genres. Mais le problème est que beaucoup de ces personnes sont mentalement là-bas et pas ici, avec notre peuple » : c'est en ces termes que Vladimir Poutine a mis en garde, mercredi dernier, les oligarques russes. Le propos est clair, soit vous êtes avec nous, soit le pays vous rejettera, comme il rejettera les « traîtres nationaux » de la « cinquième colonne » sur laquelle compte l'Occident pour « tenter de diviser notre société ».
Sale temps décidément pour les oligarques. Déjà visées par des sanctions depuis l'annexion de la Crimée, en 2014, les grandes fortunes russes bâties à l'ombre du Kremlin ont basculé, elles aussi, dans une autre dimension avec l'« opération militaire spéciale » déclenchées le 24 février contre l'Ukraine. Depuis cette date, plusieurs vagues de restrictions, européennes, britanniques et américaines, se sont massivement abattues sur ces personnalités connues pour leur train de vie, leurs entreprises, leurs luxueuses propriétés en Europe et leurs yachts - désormais dans le filet judiciaire. Un choc pour ces magnats, entrepreneurs, affairistes, anciens des « services » ou tchinovnikis (fonctionnaires) montés en graine grâce à leurs hautes protections. Au point que l'on a pu s'interroger sur leur loyauté à terme vis-à-vis de celui qui, en dernier ressort, a déclenché par ses décisions l'effondrement de leur position et de leur fortune - Vladimir Poutine lui-même. » | Par Alain Barluet | vendredi 18 mars 2022
Réservé aux abonnés