À l’entrée de La Castellane, la fameuse cité des quartiers nord à Marseille, un guetteur monte la garde en plein confinement (en avril 2020), prêt à alerter son réseau de deal à l’arrivée de la police. PATRICK SAINT PAUL/Le Figaro
LE FIGARO :
REPORTAGE - Illustration de l’emprise croissante du trafic de drogue dans la vie des quartiers, le rythme des règlements de compte s’emballe et leur violence s’intensifie.
Il est 12h30 ce lundi: la face obscure de la cité s’éveille sous le soleil. Les guetteurs prennent place sur les différents points d’accès. Ils ne se cachent pas, mais cherchent l’ombre car, malgré le mistral, il fait très chaud. En aucun cas, ils ne doivent quitter leur poste d’observation.
«100 euros la journée, ça paraît beaucoup, mais si on ramène au taux horaire, on est en dessous du smic, explique Rachid*.
Ils ne rentreront pas chez eux avant deux heures du matin!»
Le jeune homme a quitté la cité des Flamants, dans le 14e arrondissement, après avoir trouvé un emploi d’informaticien. Il revient souvent rendre visite à sa mère et n’est pas surpris par la dérive du quartier. Il estime qu’il y a un fossé entre ceux qui suivent un cursus scolaire et ceux qui plongent dans les trafics:
«Ils n’ont rien à perdre, ils flambent. Leur vie peut s’arrêter à tout moment.» Rachid n’a jamais touché à la drogue, mais en veut aux consommateurs des beaux quartiers.
«Si la police et la justice s’attaquaient à eux, le problème serait rapidement résolu. Ils ne viendraient plus», estime celui qui ne supporte plus la légende affirmant que les cités vivent de la drogue:
«10% à peine de la population est concernée», considère-t-il.
» | Par Pierre Saint Gilles | lundi 23 août 2021
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