LE POINT: Ils sont vingt-quatre. Certains se sont mis sur leur trente-et-un, chaussures cirées et costume apprêté. D'autres ont préféré le confort de baskets et la chaleur d'un gros pull en laine pour affronter cette journée. Tous sont arrivés à l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) en avance sur leur convocation. Leurs regards se sont posés sur les grands drapeaux français et européens déployés à l'accueil : d'ici quelques heures, ils en seront. Ces immigrants auront leurs papiers français. Mais en attendant la remise de leur carte de séjour, un peu plus tard dans l'après-midi, les participants de tous âges sont venus aujourd'hui signer leur " contrat d'accueil et d'intégration " (CAI). Un passage obligatoire depuis 2007 pour tous les étrangers admis en France pour la première fois en vue d'une installation durable. Objectif : transmettre les symboles et valeurs de la République aux immigrés. À l'heure des débats initiés par Éric Besson , lepoint.fr est allé découvrir "l'identité nationale" telle qu'on l'enseigne aux nouveaux arrivants.
"Vous êtes sur la plate-forme d'accueil de l'OFII car vous allez recevoir votre premier titre de séjour", articule Christelle, l'auditrice en charge du groupe convoqué cet après-midi. Malgré un grand "bonjour" scandé à l'unanimité à l'entrée de la jeune femme, l'assemblée semble stressée. "Vous allez signer le CAI et vous engager par contrat à respecter les valeurs de la République française", continue Christelle solennellement, en parlant lentement. Aujourd'hui, tout son auditoire comprend le français : personne n'a eu recours à un traducteur ou à l'un des audioguides disponibles à l'entrée. Ousmane N'Diaye semble - comme le reste de l'assemblée - tendu. Ce Sénégalais de 34 ans s'est assis au milieu de la salle, comme s'il voulait se faire tout petit. Passer inaperçu, il connait cela par coeur : cela fait plus de quinze ans qu'il vit à Paris, sans papiers. Le grand gaillard écoute tout de même avec attention le film diffusé, "Vivre ensemble, en France". Tout un programme. >>> Par Louise Cuneo | Vendredi 13 Novembre 2009