La princesse saoudienne qui défend la cause des femmesLE FIGARO:
Rencontre exclusive avec la fille préférée du roi Abdallah, et son atout pour faire bouger la société.Elle avait précisé : pas de photo. Pour sa première interview à un journal occidental, Son Altesse royale la princesse Adelah bint Abdallah sait jusqu'où elle peut s'aventurer. Si des présentatrices au visage découvert apparaissent quotidiennement sur les chaînes saoudiennes, la fille préférée du roi Abdallah ne peut se permettre de transgresser les «traditions familiales» même si elle n'y verrait personnellement aucun inconvénient. Elle a pourtant accepté, pour la première fois, de recevoir un journaliste en tête à tête, et chez elle. C'est déjà un grand pas, dans un pays où l'on peut condamner une femme au fouet pour s'être simplement trouvée en compagnie d'un homme étranger à sa famille.
La princesse accueille simplement le visiteur dans sa maison de Riyad, une vaste villa que l'on ne saurait qualifier de palais. Pas de protocole. Adelah bint Abdallah, une grande et jolie femme, tend la main en souriant au seuil d'un salon aux meubles modernes, métal et cuir. Elle porte une jupe longue en cuir noir, une veste courte en velours vert sur un chemisier de soie grège, un foulard en fine mousseline posé sur les cheveux. «Je le mets quand je suis en représentation officielle», explique-t-elle. On est loin du niqab, la tenue noire couvrant entièrement le visage, courante dans les rues saoudiennes.
En plein accord avec son père, Adelah bint Abdallah s'est créé une mission bien à elle dans la famille royale, faire avancer la cause des femmes dans un pays encore très traditionnel. L'establishment religieux ne voit pas cela d'un très bon œil. Mais avec la légitimité de son rang et l'appui personnel de son père, la princesse se sent libre d'exprimer des convictions qui pourront sans doute choquer plus d'un religieux, sans parler des islamistes locaux.
Le voile complet ? En Arabie saoudite comme en France, il devrait s'agir d'un choix personnel. La mixité, déjà en vigueur dans les hôpitaux, où des femmes médecins traitent des patients masculins, et vice-versa ? Elle devrait être étendue à toute la société. L'âge du mariage ? Il faut fixer un minimum, dit la princesse, qui prend spontanément la défense de la «fillette de Boureïda», une histoire qui divise les Saoudiens, celle d'une gamine de 12 ans qui a épousé un homme de 80 ans (lire encadré).
50 % des diplômés sont des filles >>> D’envoyé spécial du Figaro à Riyad, Pierre Prier | Mercredi 10 Février 2010
LE FIGARO:
«Nombre de lois doivent être changées» : INTERVIEW - Dans son premier entrerien avec un journal occidental, la fille du roi Abdallah évoque ses «combats» pour faire bouger la société saoudienne. >>> Propos recueillis à Riyad par Pierre Prier | Mardi 09 Février 2010