LE MONDE: Michel Barnier se serait bien passé de cette empoignade. Le prochain commissaire au marché intérieur craint de voir son début de mandat empoisonné par l'opposition entre le Royaume-Uni et la France au sujet de la régulation financière. Entre Paris et Londres, le ton est monté de plusieurs crans depuis la nomination du Français par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, à un poste stratégique en ces temps de crise, puisqu'il chapeaute les services financiers.
Les Britanniques s'inquiètent du sort de la City de Londres, la principale place financière européenne. Ils ont tout fait pour empêcher M. Barroso de nommer à cette fonction une personnalité soucieuse de pousser les feux de la régulation. Ils n'ont ensuite pas apprécié que Nicolas Sarkozy présente leur pays, dans un commentaire accordé au Monde, comme le "grand perdant" de la récente répartition des postes bruxellois. Et jette ensuite de l'huile sur le feu en affirmant que ce sont "les idées françaises de régulation qui triomphent en Europe".
Cette "guéguerre" complique la formation des cabinets des commissaires, à Bruxelles. Déjà flanqué, à la demande du premier ministre britannique, Gordon Brown, d'un directeur général britannique, M.Barnier refuse de recruter un conseiller proche des intérêts de la City. Ce qui déplaît à Londres, lequel a fait pression sur Catherine Ashton, la toute nouvelle haute représentante de l'Union européenne pour la politique étrangère, afin qu'elle renonce à ce st.ade à recruter un Français dans son cabinet. >>> Philippe Ricard et Marc Roche | Jeudi 03 Décembre 2009