Sunday, March 07, 2010

Génocide arménien : coup de froid entre les USA et Ankara

LE FIGARO: La Turquie a rappelé jeudi son ambassadeur à Washington, après le vote par la commission américaine des Affaires étrangères d'une résolution reconnaissant le génocide arménien.

Les présidents américain et turc, Barack Obama et Abdullah Gül, en avril 2009, à Ankara. Photo : Le Figaro

Les relations se tendent entre Ankara et Washington. La commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine a approuvé jeudi une résolution sur la reconnaissance du génocide arménien par la Turquie en 1915. «C'est une nouvelle preuve de l'attachement du peuple américain aux valeurs humaines universelles et un pas important vers la prévention des crimes contre l'humanité», a réagi le ministre arménien des Affaires étrangères, Edouard Nalbandian. En signe de protestation, Ankara a en revanche immédiatement rappelé son ambassadeur aux Etats-Unis «pour consultations».

«Nous condamnons cette résolution qui accuse la nation turque d'un crime qu'elle n'a pas commis», a déclaré le gouvernement turc. Elle n'a «aucune valeur aux yeux du peuple turc», a ajouté le président turc Abdullah Gül, qui menace de «conséquences négatives (…) dans tous les domaines». Selon Ankara, ce vote montre «un manque de vision stratégique» parmi les élus américains, alors que les deux pays «travaillent ensemble sur un large éventail de questions». La Turquie, alliée de longue date de l'OTAN, joue un rôle important dans les intérêts américains au Moyen-Orient et en Afghanistan, ainsi que dans la médiation face à Téhéran dans le dossier du nucléaire iranien.

Hillary Clinton avait pourtant mis en garde les membres de la commission contre l'adoption d'une telle position. Cela «pourrait dresser des obstacles devant la normalisation des relations» entre la Turquie et l'Arménie, soutenue par Washington, avait averti la secrétaire d'Etat américaine. Ce qui n'a pas empêché le texte d'être voté par 23 voix contre 22. «Les Turcs disent que voter la résolution pourrait avoir des conséquences terribles pour nos relations bilatérales, et peut-être y aura-t-il en effet des conséquences», a déclaré le président de la Commission, Howard Berman. «Mais je crois que la Turquie tient à ses relations avec les Etats-Unis au moins autant que nous tenons à nos relations avec la Turquie.» Le texte n'a pas encore force de loi >>> Par Thomas Vampouille | Vendredi 05 Mars 2010