LE TEMPS: Démarche inédite d’un industriel zurichois
L’idée est venue d’un industriel zurichois, Edwin Bollier. Après le déclenchement de la crise libyenne, ce fabriquant d’équipements militaires et de matériel de renseignement a contacté le Département fédéral des affaires étrangères pour suggérer d’accueillir en Suisse l’auteur de l’attentat de Lockerbie, Abdelbaset Ali al-Megrahi, a révélé mercredi soir l’émission Rundschau de la TV alémanique.
Edwin Bollier raconte qu’il a pris l’initiative d’écrire à Micheline Calmy-Rey après avoir appris qu’al-Megrahi souffrait d’un cancer de la prostate. Il s’est dit que l’accueil en Suisse, à titre humanitaire, de cet homme gravement malade pourrait permettre d’apaiser le conflit opposant la Suisse à la Libye. >>> LT | Jeudi 10 Septembre 2009
LE TEMPS: Le DFAE a confirmé mercredi soir qu’un des deux otages suisses entretenait des contacts privés avec la famille du premier ministre libyen. Contactée par «Le Temps», l’épouse de l’otage s’insurge: «On dépeint mon mari comme un marchand d’armes, un espion! Mais c’est indécent!». L’affaire se complique.
L’affaire des deux Suisses retenus depuis le 19 juillet 2008 à Tripoli se complique. Dernier épisode en date: «24 heures» affirme que Rachid H., ingénieur suisso-tunisien de 68 ans, a des contacts étroits avec la famille du Premier ministre libyen. Et, surtout, qu’il aurait effectué un voyage en Tunisie il y a quelques semaines. Contactée par le Temps, sa femme dément cette information. Le Département fédéral des Affaires étrangères (DFAE), où règne une certaine nervosité, n’oppose pas de démenti officiel en revanche quant à ce supposé voyage qui laisserait beaucoup de questions ouvertes. Mais un simple «on ne peut pas s’exprimer à l’heure actuelle sur cet élément». Le département confirme cependant que Rachid H. a bien des contacts privés avec la famille du premier ministre.
Le Tages-Anzeiger lui, avait publié dans la journée, sur son site internet, des PV de séances des commissions de politique extérieure. Micheline Calmy a déclaré, en février dernier, qu’un des deux Suisses «se trouve régulièrement à la table du premier ministre libyen et joue au tennis», y apprend-on. Rachid H. connaît effectivement bien le pays pour y avoir vécu. Il habite «dans un domicile privé à environ 200 kilomètres de Tripoli», affirme le DFAE. Depuis quelques jours, il se trouverait en revanche dans les locaux de l’ambassade. Max G., 54 ans et directeur de la filiale d’ABB à Tripoli, a lui trouvé refuge dès le début de l’affaire à l’ambassade de Suisse alors qu’il résidait depuis 1 an et demi en Libye au moment de son arrestation. Il serait, dit-on, très marqué par sa situation. >>> Valérie de Graffenried | Jeudi 10 Septembre 2009
LE TEMPS: Fâchée par ce qu’elle a pu lire ou entendre dans les médias au sujet de son mari, l’épouse de l’otage helvético-tunisien retenu à Tripoli depuis plus d’un an a décidé de sortir de sa réserve. Entretien.
Le Temps: Dans quel état d’esprit êtes-vous actuellement?
– Je suis outrée par la désinformation et le manque de professionnalisme de certains médias, qui n’hésitent pas à écrire n’importe quoi au sujet de mon mari sans se donner la peine de vérifier ce qu’ils diffusent. On le dépeint comme un marchand d’armes, un espion, mais c’est indécent! Tout comme le fait d’affirmer que mon mari est parti en vacances en Tunisie frise la diffamation. Sur quelles bases se permet-on de raconter cela? Il faut arrêter de mettre de l’huile sur le feu en alignant des histoires abracadabrantes alors que les deux Suisses sont toujours à Tripoli, à la merci du régime libyen.
– Avez-vous eu l’occasion d’en parler avec votre mari?
– Je peux lui parler et lui envoyer des email tous les jours. S’il était parti en vacances, je le saurais.
– Dans votre village, personne n’était au courant que l’un des deux Suisses est votre époux. Pourquoi êtes-vous restée silencieuse jusqu’à présent?
– Mais pourquoi serais-je allée raconter cela aux voisins? C’est un village où les gens ne se connaissent pas beaucoup. Je ne suis pas allée me confier au syndic, parce que je n’en voyais pas l’utilité. Et surtout, au début, je n’ai pas imaginé une seconde que mon mari resterait enfermé à Tripoli si longtemps. Je voulais préserver mes amis, mes proches. Mais aujourd’hui, je suis très soutenue par les gens qui me sont chers.
– Quand vous êtes partie en voyage avec Micheline Calmy-Rey à Tripoli, comment avez-vous évalué l’état de santé de votre époux?
– Un médecin était avec nous, il l’a ausculté, ainsi que l’autre Suisse. Je suis inquiète pour mon mari. Il a 68 ans, bientôt 69. Il est cardiaque, il prend des médicaments contre l’hyper tension, il devrait passer des examens. Quand je l’ai revu, il avait pris dix kilos, j’ai senti à quel point il se ronge de l’intérieur. Il a aussi un problème à l’œil, et des soucis aux dents. Moralement, mon mari a des hauts et des bas. Il fait peut-être de la décompensation. Au printemps, on a demandé un rapatriement humanitaire, mais nous n’avons reçu aucune réponse de la Libye. >>> Cynthia Gani | Jeudi 10 Septembre 2009