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Thursday, July 30, 2009

Les Iraniens osent contester la suprématie de Khamenei

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Un expatrié iranien brandit des caricatures de l'ayatollah Khamenei et de Mahmoud Ahmadinejad, lors d'une manifestation organisée à Tokyo, le 25 juillet dernier. Crédits photo : Le Figaro

LE FIGARO: Traditionnellement épargné, le numéro un du pouvoir se retrouve sous un déluge de critiques. Inédit, ce mécontentement affiché reflète la crise de légitimité d'un système qui a maintenu Ahmadinejad à sa tête envers et contre tout.

Le massage se lit entre les lignes. Mais il est sans concession. Dans les pages du journal Aftab, le «guide de la révolution islamique» n'est plus «suprême ». Cela fait presque deux semaines, déjà, que le quotidien réformiste écorche discrètement le titre d'Ali Khamenei, numéro un du régime, en omettant volontairement d'ajouter cet adjectif sacré - et obligatoire. Si l'affront est passible de sévères représailles, le mur de la peur est tombé. «Khamenei se pensait intouchable. Depuis le début de la crise postélectorale, sa légitimité n'a jamais été autant contestée», relève un journaliste iranien.

L'élection du 12 juin dernier a changé la donne. En soutenant explicitement Mahmoud Ahmadinejad, dont l'élection reste vivement contestée, Ali Khamenei a perdu son traditionnel statut d'arbitre. «Pendant vingt ans, il a cultivé une image de guide magnanime, qui reste au-dessus des querelles politiques. Cette fois-ci, il a choisi ouvertement son clan», analyse Karim Sadjadpour, spécialiste de l'Iran à la Fondation Carnegie Endowment for International Peace.

Quand il hérite du pouvoir suprême, à la mort de l'imam Khomeyni, père de la révolution islamique, en 1989, Ali Khamenei ne dispose ni du charisme, ni du prestige de son prédécesseur. Simple hodjatoleslam (clerc de rang intermédiaire dans la hiérarchie religieuse), il est précipitamment promu ayatollah - un titre indispensable à sa nomination - avant d'accéder au poste le plus puissant du pays. Selon la Constitution en vigueur, ses pouvoirs sont quasi illimités. Il contrôle les principaux leviers de l'État, la justice, l'armée, les gardiens de la révolution. C'est lui, aussi, qui nomme directement le chef de la radiotélévision. Mais il doit également composer avec des personnalités élues par le peuple : les députés du Parlement, le président de la République, et à partir de 1999, les représentants des conseils municipaux. Au fil des années, ces derniers ouvrent le débat à des thèmes pro-démocratiques. >>> Thierry Oberlé | Mercredi 29 Juillet 2009