LE FIGARO : EXCLUSIF - Dans un rapport rendu public ce mardi, les Immortels déplorent l’essor du franglais dans la communication institutionnelle et pointent un risque de fracture sociale et générationnelle.
«Allons Thomas, prenez l’autre bras de monsieur, pour voir si vous saurez porter un bon jugement de son pouls. Quid dicis?» Sur la scène du Palais-Royal, où se joue Le Malade imaginaire, le public se gausse de Monsieur Diafoirus, ce médecin, précieux et ridicule, qui abuse de formules latines auquel le peuple ne comprend rien. Aujourd’hui, les nouveaux Diafoirus ne parlent plus latin mais franglais. Ils travaillent dans des mairies, des universités, des musées, des sites institutionnels ou des entreprises de statut public ou privé.
Quelques illustrations par l’exemple. Air France inflige à ses clients sa «skyteam», la Poste propose une «pickup station» et la Fnac ses «french days». Shocking! D’autant que les jeux de mots sont souvent vaseux, sinon incompréhensibles. «Goût de France / Good France», lit-on sur le site du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. «Alors, ready to Ouigo?»[»], demande la SNCF. Et on ne se rend plus à l’université de Cergy-Pontoise mais à «CY» («see why») comme si l’on arrivait à New York (NY)… Et ce jargon n’est pas réservé à la région parisienne. Que penser du slogan «Sarthe me up» ? Maubeuge paraît-elle plus aimable en «creative city» ? Et Antibes-Juan-les-Pins, plus désirable avec cette offre: «Venez rider derrière des Correct Craft 200 Air Nautique»? » | Par Alice Develey | lundi 14 février 2022
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