LE TEMPS: L’Union européenne avait grandement besoin du «oui» irlandais. Après le «non» de juin 2008, une nouvelle défaite sortie des urnes aurait en effet relancé le débat sur la légitimité démocratique des institutions communautaires, et transformé Bruxelles en un parfait épouvantail à voix. Les «non» français et néerlandais de 2005, qui ont enterré le projet de Constitution, seraient revenus tels un boomerang. L’Union européenne, groggy, aurait dû batailler ferme pour se relever d’un pareil coup politique.
L’Irlande a fini par accepter le Traité de Lisbonne. Mais ne soyons pas aveugles. La crise qui a terrassé le «Tigre celtique» a joué un bien plus grand rôle dans le retournement de l’opinion irlandaise que la plupart des arguments raisonnés. A une différence toutefois: fort des garanties accordées par l’UE en matière de droit à la vie, de neutralité, de fiscalité et du droit pour chaque pays à disposer d’un commissaire européen, le gouvernement irlandais – bien qu’au plus bas dans les sondages – a pu convaincre. La pédagogie a façonné le vote utile. Les électeurs se sont sentis, sinon compris, du moins écoutés et capables d’influer. >>> Richard Werly | Lundi 05 Octobre 2009