LE MONDE – CHRONIQUE : Les changements de pied de Joe Biden envers Mohammed Ben Salman lui reviennent en boomerang. Mais le raidissement saoudien, qui vient de s’aligner sur les intérêts pétroliers de la Russie, relève du pari.
On ne dispose pas, malheureusement, d’instruments de mesure un peu précis pour les crises de relations bilatérales. S’il en existait un, il permettrait de jauger les tensions entre l’Arabie saoudite et les Etats-Unis. Et de dire s’il s’agit d’un accès de fièvre de plus, semblable à d’autres plus anciens et surmontés, ou de la cassure qui redéfinira les rapports entre les deux pays, pour longtemps, au terme d’un long compagnonnage engagé en 1945 entre Abdelaziz Al Saoud et Franklin Delano Roosevelt.
En quelques mois, un fist-bump s’est transformé en gifle. Le premier renvoie au salut, poing contre poing, échangé en juillet à Djedda par le prince héritier et véritable maître de Riyad, Mohammed Ben Salman, et le président des Etats-Unis, Joe Biden. Un Canossa sur la mer Rouge pour le second, qui avait promis au premier un sort de paria pour son implication présumée dans l’assassinat et le démembrement du dissident saoudien et résident américain Jamal Khashoggi en 2018. Venu mendier une hausse de la production pétrolière saoudienne pour faire baisser les prix, Joe Biden était manifestement reparti les mains vides. » | Gilles Paris, Editorialiste | mercredi 12 octobre 2022
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