Wednesday, November 24, 2021

À Kaboul, vivre caché dans la terreur de l’ordre taliban

Un membre des forces de sécurité des talibans patrouille, en septembre, dans une rue de Kaboul. STRINGER/REUTERS

LE FIGARO : RÉCIT - Sidérés par la brutalité du pouvoir, les Kabouliotes, qui vivaient à l’occidentale, ne sortent plus de peur de mourir.

Envoyée spéciale à Kaboul.

La famille entière s’est réunie sur un vieux canapé: le père, la mère, et les quatre enfants: trois jeunes filles et un petit garçon de 10 ans. Aucun n’a souhaité que son nom soit révélé.

«Vous voir, c’est un peu comme sortir de chez nous», sourit l’aînée des trois filles. Voilà trois mois qu’aucun d’entre eux n’a fait un pas dehors: trop dangereux. «Si on sort, on meurt», prévient le père. Ses enfants sourient d’un air las: au fil des semaines, la mise en garde est devenue une ritournelle qu’on répète comme une plaisanterie. «On sort, on meurt», ânonne le benjamin, que sa mère prend tendrement dans ses bras.

«S’ils nous trouvent, ils me tueront»

La discussion n’a rien de naturel: elle dépend de deux faibles connexions internet. Nous ne sommes qu’à quelques rues les uns des autres, mais il faut discuter à distance, grâce à un logiciel de visioconférence. «Vous pourriez être suivie… On ne sait pas de quoi les talibans sont capables», justifie le père, visiblement gêné. » | Par Margaux Benn | Publié : vendredi 19 novembre 2021 ; mis à jour : samedi 20 novembre 2021

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