LE POINT: La plupart des migrants bloqués depuis des semaines à la frontière française peuvent désormais la franchir. Rencontre avec l'un d'entre eux.
Le rendez-vous est pris dans l'arrière-cour d'un bar miteux de Villeurbanne, aux portes de Lyon. "Pas de photo", demande-t-il d'emblée, une cigarette à la bouche, en se retournant pour vérifier que personne ne nous suit. Naofel préfère rester discret. Mais une fois à l'abri des regards, son visage s'illumine. "Je suis content", lâche-t-il en soupirant, un immense sourire aux lèvres.
C'est vrai qu'il est transfiguré depuis le parvis de cette gare de Vintimille, à la frontière italienne, où nous l'avions rencontré en début de semaine. Il était alors l'un de ces milliers de Tunisiens qui avaient fui leur pays après la chute de Ben Ali. Bloqué, comme tous les autres, à quelques kilomètres de l'eldorado français. Mais aujourd'hui tout cela appartient au passé. Après plusieurs jours de blocage de la part des autorités françaises, qui refusaient de reconnaître le permis de séjour délivré par les autorités italiennes comme suffisant pour circuler à travers l'espace Schengen, Naofel a réussi à passer en France. En toute légalité. S'il se cache, c'est que son titre de séjour ne lui donne pas le droit de travailler sur le territoire français. Mais il est bien la preuve que la frontière est désormais bel et bien ouverte aux migrants venus de Tunisie via l'Italie. » | D’envoyé spécial du Point à Lyon, Cyriel Martin | Dimanche 24, 2011