Monday, November 30, 2009

Minarets : tollé en France après le référendum suisse

LE FIGARO: RÉACTIONS - «Expression d'intolérance», «décision inquiétante» ... À l'exception du Front National, les responsables politiques et religieux français déplorent le résultat du vote suisse interdisant les minarets.

Au lendemain de l'annonce du résultat du référendum par lequel les Suisses ont décidé d'interdire la construction de nouveaux minarets chez eux, plusieurs responsables politiques s'élèvent pour déplorer l'intolérance sur laquelle ce scrutin lèverait le voile.

La Rapporteur spéciale de l'ONU pour la liberté de religion s'est montrée aujourd'hui «profondément inquiète» et elle a insisté sur le fait que le Comité des droits de l'homme a récemment prévenu la Suisse qu'une telle décision est contraire aux obligations de la Suisse en vertu du droit international dans le domaine des droits de l'homme.

En France, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s'est déclaré lundi «un peu scandalisé». «J'espère que les Suisses reviendront sur cette décision assez vite», a-t-il ajouté parlant d'une «expression d'intolérance». La construction de minarets «n'est pas grand chose. Est-ce que c'est une offense dans un pays de montagnes qu'il y ait une construction un peu plus élevée ?», a aussi demandé le ministre.

Son collègue du gouvernement, Hervé Morin, ministre de la Défense, a estimé «gênant» que le référendum devienne «un facteur de populisme». «Il y a d'abord un problème de forme parce que ce sont des questions compliquées qui n'appellent pas une réponse simple», a expliqué le président du Nouveau Centre. Pour le ministre, qui s'exprimait sur la situation en France, l'architecture des mosquées doit notamment être «compatible avec celle des collectivités». Quant au ministre de l'Immigration, Eric Besson, il s'est déclaré préoccupé par ce vote car il donne le sentiment de «stigmatiser l'islam» et a demandé d'éviter ce type de débats, qui relève «de l'urbanisme,» en France.

Au PS, le porte-parole Benoît Hamon a déploré «une décision inquiétante». Ce vote est «assez significatif de cette tentation à se recroqueviller, à se replier sur soi et à faire de l'étranger, en l'occurrence le musulman, le bouc-émissaire de tous les maux des sociétés occidentales», a affirmé l'ex-député européen qui a accusé Nicolas Sarkozy d'introduire le même type de questions en France avec le débat sur l'identité nationale. Selon lui, si l'on posait aux Français la même question qu'aux Suisses, «le résultat serait différent parce que nous avons, nous, une tradition d'intégration des populations musulmanes beaucoup plus grande» que ce pays. Marine Le Pen se réjouit du vote helvétique >>> J.B. (lefigaro.fr) Avec AFP et AP | Lundi 30 Novembre 2009