LE FIGARO: Dans un geste symbolique après la diffusion de la vidéo équivoque, le ministre de l'Intérieur et des Cultes a rompu le jeûne du ramadan avec le CFCM et condamné l'islamophobie tout comme l'islamisme.
Depuis la diffusion de la vidéo polémique, Brice Hortefeux multiplie explications et gestes symboliques. Lundi soir, il rompait le jeûne du ramadan pour la deuxième fois, invité d'honneur du Conseil français du culte musulman (CFCM). Le ministre a profité de ce repas, «de cette rencontre privilégiée», pour s'expliquer. «Je suis ému de penser que, du fait d'un certain tohu-bohu médiatique, et d'une interprétation totalement inexacte, des personnes ont pu être blessées dans leur être et leurs convictions», a déclaré le ministre. «Je veux donc dire mes regrets, au delà d'une polémique inutile et injuste, j'exprime mon respect pour tous les Français, celles et ceux qui vivent sur notre sol, quelles que soient leur religion, leurs convictions», a-t-il ajouté.
Il a également défendu une France tolérante. «L'islamophobie n'a paLs [sic] sa place dans notre pays», a assuré Brice Hortefeux, sans convaincre tous les invités. Certains ironisaient sur le droit «d'insulter les Arabes, et l'ardeur à défendre les musulmans». De son côté, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap) qui réunissait lundi son bureau exécutif a décidé «de faire citer devant le tribunal correctionnel le ministre de l'Intérieur du chef de diffamation à caractère raciste», et a même demandé sa démission.
Le président du CFCM a, lui, mis en garde : «Nous assistons à une montée de l'islamophobie en France» a-t-il lancé. Mohammed Moussaoui a évoqué la profanation du cimetière de Notre-Dame de Lorette, les attaques contre des mosquées avant de fustiger un débat sur la burqa «instrumentalisé, qui alimente un climat hostile aux femmes voilées. On nous rapporte des humiliations». Le CFCM refuse que l'on légifère sur la burqa, a-t-il rappelé. Car si le conseil prône «l'islam du juste milieu», il n'entend pas s'opposer à l'islam fondamentaliste.
Prudent, Brice Hortefeux n'a pas souhaité évoquer la burqa avant la fin des travaux de la mission parlementaire, en décembre. Mais il a rappelé : «La République combat l'islamophobie, tout comme elle combat l'islamisme.» Avant de détailler sa vision de la laïcité à la française qui «garantit l'égalité des droits de tous les citoyens». Citant Aragon, il appelle à un dialogue étroit «avec tous ceux qui croient au Ciel et ceux qui n'y croient pas». Luttes d'influence >>> Cécilia Gabizon | Lundi 14 Septembre 2009