Proche-Orient : «On vit mieux» en CisjordanieLE TEMPS:
Chantiers par dizaines, magasins de luxe, cafés branchés: le territoire palestinien vit un certain boom économique, même si le chômage demeure encore élevéPour l’heure, Rawabi n’est encore qu’un rêve. Pourtant, dans moins d’un mois, c’est sur cet espace de 630 hectares situé à 9 kilomètres au nord de Ramallah que débutera l’érection de la première ville moderne de Palestine. Un projet de un milliard de dollars qui devrait, à terme, permettre à 40 000 Palestiniens de s’installer dans des logements modernes.
Bien sûr, la ville nouvelle ne s’adresse qu’aux familles aisées. Mais il n’en manque pas dans les territoires contrôlés par l’Autorité palestinienne (40% de la Cisjordanie). Ces derniers mois, cette bourgeoisie gravitant autour des institutions de l’AP a d’ailleurs abandonné ses scrupules et n’hésite plus à afficher son opulence.
Il suffit de se promener dans le centre de Ramallah pour constater la multiplication de chantiers. Outre deux centres commerciaux à l’européenne, la municipalité accueillera bientôt son premier immeuble de bureaux de 40 étages.
Alors qu’un ouvrier palestinien gagne environ 350 euros par mois, on trouve désormais à Ramallah des boutiques de luxe proposant les mêmes produits qu’à Paris ou Genève. Habillée à l’européenne et avec des vêtements griffés, une vendeuse explique que les ceintures Dolce & Gabana à 700 euros pièce «se sont vendues comme des petits pains» à l’occasion du Ramadan. «Nous avons une clientèle de qualité: quelques diplomates étrangers et une majorité de Palestiniens», poursuit-elle.
Le dernier endroit à la mode de Ramallah est le café Zaman inspiré des expresso-bars qui pullulent dans les rues de Tel-Aviv. La carte est semblable et les prix sont identiques. Le soir, à l’iftar (la rupture du jeûne du Ramadan), les jeunes s’y pressent en masse. Quelques-uns débarquent en 4x4 dotée de tous les instruments «indispensables»: écrans plasma et GPS.
«Avant, il fallait aller à Jérusalem-Est pour changer d’air», affirme Nayman, une jeune fille de bonne famille qui joue nerveusement avec son portable dernier cri. «Maintenant, nous avons tout ce que l’on veut à portée de la main. On vit mieux grâce à [président] Mahmoud Abbas.» Et la bande de Gaza? «Bien sûr, c’est terrible ce qu’ils endurent là-bas, mais c’est aussi la faute du Hamas», estime l’étudiante, membre du Fatah.
>>> Serge Dumont, Ramallah | Samedi 12 Septembre 2009