LE MONDE : En pointant du doigt les partisans pro-Trump et en assimilant ces derniers à une menace intérieure, le président des Etats-Unis veut convaincre les électeurs indécis que le structin de mi-mandat de novembre serait existentiel.
Analyse. Au temps de la guerre froide, l’ennemi de l’Amérique était communiste. Dans l’ère post-11 septembre 2001, il était islamiste. Voici aujourd’hui les Etats-Unis face à une nouvelle menace redoutable : elle est intérieure. Une partie du pays dérive, portant atteinte à son âme, à ses valeurs et à son système politique. Tel est le constat dressé par Joe Biden, à une cinquantaine de jours des élections de mi-mandat du 8 novembre. Pour caractériser cette menace représentée par les « républicains MAGA » (acronyme du slogan « Make America great again », de Donald Trump), le président est allé jusqu’à dire, le 25 août, qu’elle était « comme un demi-fascisme ».
L’expression surprend. D’abord, comment être fasciste à moitié ? A croire que le président n’assume pas entièrement son audace sémantique, ou qu’il redoute une rupture complète avec cette partie de la population américaine. Dans le camp républicain, les calculs de Joe Biden n’ont guère été pris en compte. Chacun s’est dit heurté, évitant ainsi de s’interroger sur la pente extrémiste du parti. Le présentateur vedette de Fox News, Tucker Carlson – qui a légitimé à l’antenne la théorie raciste du « grand remplacement » menaçant supposément la population blanche chrétienne –, a prétendu que les propos du président démocrate étaient « une déclaration de guerre contre la moitié du pays ». Pourtant, Joe Biden a longuement insisté sur le rôle toxique d’une minorité seulement du Parti républicain. Et de guerre, il n’a jamais été question. Seulement d’une mobilisation civique pour défendre, dans les urnes, la démocratie américaine. » | Par Piotr Smolar (Washington, correspondant) | vendredi 23 septembre 2022