Wednesday, March 09, 2022

La peur d’un rideau de fer pousse les Russes à l’exode

Lors d’une manifestation contre la guerre en Ukraine, un homme est arrêté par la police, dimanche à Moscou. ANTON KARLINER/SIPA

LE FIGARO : RÉCIT - En quelques jours, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont quitté leur pays, dans lequel ils ne se voient plus d’avenir.

De notre correspondant à Moscou

Un matin de la semaine dernière, Anton Dolin, critique de cinéma connu en Russie, a trouvé, peinte sur la porte de son appartement moscovite, la lettre Z… Celle-là même qui figure sur les chars de l’«opération militaire spéciale» (1) en Ukraine. Le message de menace était clair. Dimanche, le rédacteur en chef de la revue L’Art du cinéma a quitté son pays. Il se trouve depuis en Lettonie où se tient Artdocfest, un festival international consacré aux documentaires. «Nous verrons ce qu’il se passera ensuite, écrit-il sur son compte Telegram. Je ne pouvais tout simplement plus respirer l’air de Moscou (…) alors que des gens étaient tués et mouraient en Ukraine», raconte-t-il.

Comme lui, ils sont des dizaines de milliers, depuis la date fatidique du 24 février, à avoir pris le chemin de l’exode: artistes, journalistes, cinéastes, jeunes entrepreneurs, cadres dans le domaine de la tech, et plus généralement des Russes issus de la classe moyenne urbaine dotés d’un bon niveau d’éducation. À la sidération des premiers jours, a succédé chez eux l’abattement, la crainte, le dégoût face à un climat répressif de plus en plus lourd - et puis le déclic qui soudain pousse à faire ses valises et à partir, dans la précipitation et sans point de chute assuré. » | Par Alain Barluet | mercredi 9 mars 2022