LE FIGARO : ENTRETIEN - Pour le spécialiste de géopolitique, qui publie Retour de la guerre (Odile Jacob), la montée en puissance de la Chine, l’évolution technologique et l’absence d’ordre mondial rendent le retour de conflits plus probable que pendant la guerre froide.
LE FIGARO. - Après la crise du Covid, la puissance chinoise s’affirme plus que jamais tandis que le départ chaotique des États-Unis d’Afghanistan a pu être interprété comme un signe de déclin. Dans cette configuration, le retour de la guerre est-il inévitable?
François HEISBOURG. - Le risque de guerre est plus élevé qu’il ne l’était avant la pandémie et il est amené à s’accroître. Une des raisons majeures de cette montée des tensions tient à l’accélération de la puissance chinoise et à sa confrontation idéologique, économique, technologique, politique avec les États-Unis, et peut-être avec le monde démocratique de façon plus générale.
Il y a aussi l’évolution technologique, qui déstabilise la situation stratégique à travers la cyberguerre et qui donne un caractère quotidien aux conflits. Le continuum de la non-guerre jusqu’à la guerre la plus dure est plus direct que durant la guerre froide. Lors de cette dernière, il n’y avait pas de guerre tant qu’il n’y avait pas de tir. Et, par ailleurs, la dissuasion nucléaire obéissait à des règles qui empêchèrent (avec difficulté, tout de même) la guerre d’éclater entre les deux blocs et les deux superpuissances. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. On passe insensiblement de la non-guerre à une quasi-guerre à un début de guerre… Dans le domaine nucléaire, le développement de nouveaux arsenaux nucléaires entraîne une fragilisation de la dissuasion. … » | Par Alexandre Devecchio | Publié : dimanche 31 octobre 2021 ; mis à jour : lundi 1 novembre 2021
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