LE FIGARO: La gestion de la crise chypriote a renforcé la perception d'un « diktat » de Berlin.
La presse populaire allemande salue le retour de sa «chancelière de fer». L'intransigeance d'Angela Merkel dans le sauvetage financier de Chypre lui vaut l'admiration indéfectible de ses concitoyens, dont les intérêts passent avant toute autre considération. Mais Berlin s'inquiète des répercussions de l'affaire sur son image, alors que le «diktat allemand» est violemment critiqué dans les rues de Nicosie. Les manifestants du sud de l'Europe touchent une corde sensible des Allemands lorsqu'ils renvoient le pays à son passé nazi.
Chypre a évité la banqueroute au prix de mesures douloureuses, risquant d'entraîner une récession et une hausse du chômage. La chancelière allemande a jugé «équitable» le plan de sauvetage. Mais, comme en Italie, en Espagne ou en Grèce, l'Allemagne est perçue une fois encore comme le pays tirant les ficelles et imposant des plans d'austérité draconiens aux populations en échange d'une bouée de sauvetage financière.
Grimée en dictateur nazi, Angela Merkel est la cible préférée des manifestants. Dimanche, le journal espagnol El Pais a retiré de son site, après des réactions indignées, une tribune comparant Merkel à Hitler. L'article accusait la chancelière d'avoir «déclaré la guerre au continent» pour s'assurer «un Lebensraum économique» - référence à «l'espace vital» revendiqué par les nazis. » |Par Patrick Saint-Paul | jeudi 28 mars 2013