LE FIGARO: En pleine campagne, républicains et démocrates se sont bien gardés jusqu'ici d'exiger toute sanction à l'encontre des auteurs du film anti-islam qui a enflammé le Moyen-Orient.
Murs d'enceinte pris d'assaut par des foules enragées, drapeaux brûlés, prêches enflammés et manifestations qui virent à l'émeute: l'engrenage infernal se poursuit pour les États-Unis et leurs missions diplomatiques à travers le monde, six jours après l'attaque du consulat américain à Benghazi. Pris de court par la virulence et la vitesse de cette poussée d'américanophobie, Washington semble toujours chercher la parade. Des renforts militaires ont dans un premier temps été dépêchés au secours des ambassades et consulats les plus exposés au sein du monde arabo-musulman. Les personnels «non essentiels» de ces représentations sont à présent en cours d'évacuation, jusqu'en Tunisie et au Soudan, derniers pays atteints par l'onde de choc.
Ces mesures conservatoires dissimulent mal la détresse de l'Administration Obama face au vent mauvais qui a gagné toute la planète, forcément malvenu à deux mois d'un scrutin présidentiel sous haute tension.
Entre impératifs électoraux et sécuritaires, le message d'apaisement à l'attention de la rue arabe demeure brouillé, voire inaudible. La faute principalement à cette vidéo islamophobe de treize minutes intitulée Innocence des musulmans, à l'origine de la poussée de violence au Moyen-Orient et toujours en ligne sur le site de partage YouTube. «Il n'existe pas de loi sur la diffamation (hate law) aux États-Unis» permettant d'interdire ce genre de clip, aussi désolant soit-il, explique Leslie Harris, directrice du Center for Democracy and Technology (CDT), commentant la décision de YouTube, filiale de Google, de maintenir le clip en ligne contre vents et marées. L'Inde et l'Indonésie, elles, n'ont pas hésité à ordonner Google de le bloquer sur leur territoire. » | Par Maurin Picard | dimanche 16 septembre 2012