LE FIGARO: Même si elle peine à phagocyter la sphère économique, la Russie s'est imposée sans difficulté dans le champ culturel et linguistique.
Tout en affichant l'intégration européenne comme priorité de sa diplomatie, le président Viktor Ianoukovitch n'a jamais caché son tropisme russe. Sa promesse électorale de faire du russe la deuxième langue d'État s'est réalisée cette semaine puisque les députés ukrainiens ont voté une loi élargissant le droit d'utiliser le russe comme langue officielle. Un vote mouvementé précédé d'un pugilat au parlement et suivi de manifestations tout aussi musclées dans les rues de Kiev. De quoi illustrer la crise identitaire de ce grand pays qui peine à parler la même langue et à partager la même histoire.
À l'approche des législatives d'octobre, le Parti des Régions, la formation du président implantée dans l'est russophone et russophile du pays, espère ainsi accroître ses chances de l'emporter. Force est de constater que cette décision très controversée consacre aussi le travail de pénétration entamé dès le début des années 2000 par la Russie, qui, de Lénine à Poutine, s'est toujours refusée à «perdre» l'Ukraine. » | Par Arielle Thedrel | vendredi 08 juin 2012