leJDD: La Russie et la Chine ont imposé leur veto hier au projet de résolution qui devait enfin condamner l’attitude de Damas. Pour la France, "elles devront rendre des comptes". Récit d’une folle semaine de négociations.
"Je crois que les Russes ne bougeront pas et il n’est pas question pour nous d’atténuer la résolution pour l’affaiblir, il va falloir rester fermes et ne pas se laisser enfermer par la Russie." Dans un entretien exclusif et prémonitoire accordé au JDD dans l’avion qui l’emmenait mardi dernier vers New York, Alain Juppé se montrait déjà déterminé. Tout au long de cette semaine, la diplomatie française a tenté par tous les moyens de faire des concessions aux Russes, derniers alliés de Bachar El-Assad, sans céder sur l’essentiel afin qu’ils soutiennent le plan de la Ligue arabe. Une initiative visant à obtenir du président syrien qu’il délègue ses pouvoirs à son vice-président pour mettre en place un gouvernement d’union nationale et organiser des élections libres.
En vain. Jusqu’à ce que, samedi après-midi, l’ambassadeur de France et ses partenaires américains et britanniques se décident à pousser les Russes à la faute, à les isoler face au reste du monde. Le rare mérite de la résolution avortée étant d’avoir obtenu le soutien des 13 autres membres du Conseil de sécurité. Maigre consolation pour l’ambassadeur français, Gérard Araud, qui parle d’un "triste jour" pour les Nations unies face à la cruauté du régime syrien et à ce qu’il qualifie "d’horreur héréditaire". » | François Clemenceau, envoyé spécial du JDD à New York (États-Unis) - Le Journal du Dimanche | dimanche 05 février 2012