LE FIGARO: Les atrocités commises par les pro-Kadhafi visent à empêcher tout soulèvement dans la capitale.
Arrestations massives, rafles nocturnes, pillages, exécutions sommaires en pleine rue, consignes de viols données à haut niveau, disparitions en grand nombre, fosses communes: en l'absence de témoins étrangers, c'est un véritable drame humanitaire à huis clos qui serait en train de se jouer à Tripoli.
Confronté à une pression internationale accrue, Mouammar Kadhafi s'est lancé dans une fuite en avant, instaurant dans la capitale et sa région un climat de terreur qui ne cesse de se renforcer, selon diverses sources. Des «informations parcellaires mais concordantes» ont en effet été obtenues en ce sens, notamment auprès de personnes ayant fui le régime, par des organisations des droits de l'homme, des diplomates et des services de renseignements occidentaux. «C'est une politique de la terre brûlée, visant à maintenir l'effroi dans la capitale et à empêcher tout soulèvement dans la capitale», souligne-t-on à Paris, où l'on ne cache pas une «forte inquiétude».
Selon un diplomate proche du dossier, le bilan de ces exactions s'élève à «plusieurs milliers de morts, peut-être plus de 10.000», en trois mois à Tripoli. Un chiffre moins important que les 20.000 tués annoncés le mois dernier par la rébellion, mais très considérable néanmoins pour une ville de deux millions d'habitants. Quelque 20.000 personnes ont été arrêtées, ajoute-t-on de même source. «Kadhafi étant capable de tout et notamment du pire, on ne peut avoir à l'avenir que de mauvaises surprises», s'alarme-t-on au Quai d'Orsay [en anglais]. » | Par Alain Barluet | Mercredi 01 Juin 2011