Tuesday, April 06, 2010

Portrait : José Luis Zapatero l’énigmatique

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José Luis Zapatero. Photo : Le Temps

LE TEMPS: Si son étoile a pâli sous les mauvaises nouvelles conjoncturelles, après six années de pouvoir, la personnalité du premier ministre espagnol reste énigmatique pour beaucoup de ses concitoyens

Ses sourcils en accent circonflexe lui conféreraient un air vaguement interdit. Les persifleurs avancent que José Luis Rodríguez Zapatero ressemble à s’y méprendre à Rowan Atkinson, Mr. Bean pour le grand public. En janvier passé, alors que Madrid a hérité de la présidence tournante de l’Union européenne et lancé son site officiel sur Internet, un plaisantin s’est même payé la tête du premier ministre espagnol, 50 ans l’été prochain, en détournant sa photo pour la remplacer par celle du bouffon britannique. Le subterfuge n’a pas duré qu’une poignée de minutes. Mais il illustre cruellement le manque d’estime dont pâtit José Luis Zapatero, deux années après avoir été reconduit à la tête du gouvernement espagnol.

Deux années pendant lesquelles, à disputer l’évidence de la crise qui ébranle l’économie et à tergiverser sur les remèdes nécessaires, le chef du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a miné sa crédibilité et laissé se creuser le fossé entre son équipe et une population prompte à brocarder la classe politique. «Quand la crise a commencé, il était en pleine campagne électorale. Il lui était impossible de l’admettre. Ensuite, il s’est convaincu que l’Espagne avait accumulé tant de ressources qu’elle ferait face. Il a fait preuve d’un optimisme infantile», semonce le philosophe Josep Ramoneda. L’effondrement des rentrées fiscales et l’envolée du chômage ont fini par avoir raison de cet aplomb et provoqué un virage vers l’austérité: ce sont dorénavant 50 milliards d’euros que José Luis Zapatero promet à Bruxelles d’économiser d’ici à 2013, sans toucher, foi de socialiste, aux dépenses sociales. >>> Angélique Mounier-Kuhn | Mardi 06 Avril 2010