LE FIGARO: Pour les jeunes Saoudiens, célébrer cette fête interdite est quasiment un acte de subversion.
Comme chaque année, Sabria, étudiante à l'université de Riyad, a pris soin de porter son abaya spéciale Saint-Valentin : son informe manteau noir, obligatoire pour les femmes dans les lieux publics d'Arabie saoudite, est bordé d'un liseré rouge. Abdallah, un jeune fonctionnaire, a parcouru les centres commerciaux, principaux lieux de loisirs saoudiens, coiffé d'une casquette rouge. «Une façon de défier la police religieuse», dit-il. En Arabie saoudite, porter du rouge le 14 février signifie que l'on fête saint Valentin, célébration interdite car provenant d'une religion autre que l'islam. La Saint-Valentin y est pourtant devenue, comme partout ailleurs, un événement commercial. Mais il est teinté ici de rébellion.
Les hommes de la police religieuse, les mutawa, reconnaissables à leur barbe broussailleuse, ont donc, comme tous les 14 février, parcouru les rues commerçantes, ordonnant de faire disparaître les symboles honnis : roses rouges, ours en peluche brodés de cœurs rouges, boîtes de chocolats en formes de cœur, etc. On les trouve quand même sous le comptoir - à ses risques et périls, et au prix fort. Paradoxes >>> Par Pierre Prier | Lundi 15 Février 2010