LE TEMPS: Des personnalités européennes lancent un appel pour sauver la perspective de l’adhésion. Ils critiquent Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, qui ont prôné un «partenariat privilégié» comme substitut à l’adhésion
L’Europe, qui aspire à jouer un rôle de puissance, doit se ressaisir si elle ne veut pas gâcher les opportunités que lui offre la candidature de la Turquie. Celles-ci sont multiples: un relais d’influence auprès du monde musulman, une capacité renforcée de projection en politique étrangère vers des régions diverses comme le Moyen-Orient, le Caucase, l’Asie centrale, autant de zones où se jouent des enjeux stratégiques, notamment pour les approvisionnements en énergie.
L’Europe doit se ressaisir, car à force de laisser le dossier des négociations turques s’enliser, elle est en passe de perdre un partenaire précieux. C’est en substance l’appel lancé, lundi 7 septembre, par un groupe de personnalités politiques européennes, dont le prix Nobel de la paix 2008 et ancien président finlandais Martti Ahtisaari, l’ancien premier ministre français Michel Rocard, et l’ancienne commissaire européenne Emma Bonino (Bronislaw Geremek, l’ancien ministre polonais, mort en 2008, avait aussi participé à ce groupe).
L’Europe a décidé, en décembre 2004, de lancer des négociations d’adhésion avec la Turquie. Un pays dont le rang de «candidat» à l’intégration avait été formellement reconnu en 1999 et qui postule au club depuis… 1963. Comment sauver le processus? Dans son rapport publié lundi, la Commission indépendante sur la Turquie rappelle à quel point les choses semblent aujourd’hui encalminées, avec le blocage de la moitié des chapitres de négociation. >>> Natalie Nougayrède Le Monde | Mercredi 09 Septembre 2009