LE MONDE – ÉDITORIAL: La prééminence donnée à l’idéologie sur le pragmatisme en réponse à la la pire crise que connaît le royaume depuis les années 1970 risque d’aggraver la situation déjà dégradée laissée par Boris Johnson et d’accroître la tentation d’actionner les rhétoriques antieuropéenne et nationaliste.
Faute d’amortisseurs sociaux, les chocs économiques sont souvent ressentis plus violemment par la population au Royaume-Uni qu’ailleurs sur le continent européen. La tempête économique et sociale qui se lève outre-Manche confirme ce constat. Avec un taux d’inflation annuel supérieur à 10 % et un pic prévu à 13 % dès octobre, les Britanniques endurent les pires hausses de prix des pays du G7. Le coût des denrées alimentaires s’envole tandis que celui de l’énergie, faute de bouclier tarifaire, aura quasiment triplé en un an.
Conjuguée à une croissance en berne, cette hausse vertigineuse des prix produit la pire situation économique enregistrée depuis les années 1970. Si l’on ajoute les dégâts du Brexit et du Covid-19, le Royaume-Uni menace de régresser en « un marché émergent », analyse la banque danoise Saxo. Sortant de leur réserve, les dirigeants du Service national de santé (NHS) mettent, de leur côté, en garde contre le risque d’« une crise humanitaire » liée à l’appauvrissement de la population. » | Éditorial « du Monde » | mardi 23 août 2022
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