LE MONDE – ÉDITORIAL: Au terme d’un procès exceptionnel, c’est un relatif soulagement de constater que la gageure d’appliquer la justice ordinaire à des faits extra-ordinaires a été, pour l’essentiel, tenue.
Conduire le procès « hors norme » des responsables d’une tuerie aveugle qui a traumatisé la France et marque son histoire, selon le strict « respect de la norme » judiciaire, c’est-à-dire la procédure pénale et le respect des droits de chacune des parties. Cette exigence, posée dès l’ouverture des débats, le 8 septembre 2021. Jean-Louis Périès, le président de la cour d’assises spéciale de Paris chargée de juger les responsables des attentats terroristes du 13 novembre 2015, traduisait ainsi une ambition terriblement élevée.
Au terme de ce procès, marqué par l’énoncé du verdict, mercredi 29 juin, après dix mois d’audience, c’est un relatif soulagement de constater que cette gageure – appliquer la justice ordinaire à des faits extra-ordinaires – a été, pour l’essentiel, tenue.
Cela n’allait nullement de soi a priori : le procès des vingt hommes, dont quatorze présents dans le box, accusés de crimes pour avoir semé la terreur et causé la mort de cent trente personnes au Stade de France, au Bataclan et à plusieurs terrasses de cafés parisiens aurait pu dérailler ou décevoir pour de multiples raisons – incidents, silence des accusés, etc. – liées à sa gravité, à sa complexité et à sa démesure. » | Éditorial « du Monde » | jeudi 30 juin 2022
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