Wednesday, August 25, 2021

«Comment les Occidentaux ont laissé l'Afghanistan redevenir le pays de la drogue»

Un groupe de talibans, à Kaboul, le 23 août 2021. Après la formation de leur premier Émirat islamique, en 2001, leur chef suprême, le mollah Omar, avait imposé la prohibition totale de la culture du pavot à opium. WAKIL KOHSAR / AFP

LE FIGARO : TRIBUNE - C'est un paradoxe très pénible : ces vingt dernières années, les autorités afghanes, les Britanniques et les Américains ont laissé se reconstituer la production massive d'opium en Afghanistan, que les talibans avaient auparavant presque éradiquée, explique Bernard Frahi, le Contrôleur général honoraire de la police nationale*.

Le 11 septembre 2001 avait sonné le glas de l'obscurantisme taliban en Afghanistan. Il est pourtant un domaine où les talibans avaient surpris positivement : le mollah Omar, chef suprême des talibans, avait imposé la prohibition totale de la culture du pavot à opium dans les territoires sous leur contrôle, soit plus de 90 % du pays et 95% des surfaces cultivées du pavot. En mai 2001, les talibans avaient quasi-éliminé la production d'opium la faisant chuter à 185 tonnes contre 4600 tonnes en 1998. Ce reliquat était concentré dans les territoires du nord-est du pays placés sous le contrôle de l'Alliance du Nord, ennemis des talibans. Or, par une sinistre ironie, pendant les 20 années de la présence américaine, production et trafic d'opium se sont reconstitués.

La culture de l'opium est ancestrale en territoires pachtouns. Le trafic d'opium, de morphine-base et d'héroïne vers les pays occidentaux consommateurs de cette drogue n'a pas commencé avec les talibans. Il est vrai que de la prise de Kaboul par les talibans en 1996 à l'été 1999, la culture de pavot à opium s'est étendue de 56.000 à 91.000 hectares environ et la production d'opium a progressé de quelque 2 200 à 4500 tonnes. Reste que, à l'époque, le bureau de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) à Kaboul a engagé un dialogue nourri avec les talibans, sans naïveté mais sur fond de respect de la parole donnée, et couronné par des engagements réciproques. » | Par BERNARD FRAHI | mardi 24 août 2021

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