LE FIGARO : RÉCIT - Malgré le discours lénifiant des talibans, nombre d’Afghans ayant côtoyé des Occidentaux craignent pour leur vie et cherchent encore à fuir.
Quelques jours seulement après être entrés dans Kaboul, les talibans ont tenu mardi leur première conférence de presse, après une première allocution accordée dès lundi à la chaîne qatarie al-Jazeera. «Après vingt années de combat nous avons émancipé le pays», assurait avec aplomb Zabihullah Mujahid, le porte-parole du mouvement, avant de préciser qu’il s’engageait à laisser les femmes travailler «dans le respect des principes de l’islam», sans d’autre précision.
À travers l’Afghanistan, les femmes ont pourtant déjà commencé à disparaître de l’espace public, et de nombreux témoignages émergent sur de nouvelles restrictions dont elles font l’objet: certaines auraient été refoulées de l’université d’Hérat, d’autres empêchées par des talibans d’accéder à l’aéroport de Kaboul, au motif qu’il ne serait pas moral de laisser une femme voyager seule. Malik Mudassir, un journaliste afghan de la BBC, racontait mardi l’étrange atmosphère régnant dans l’hôtel qu’il occupe à Kaboul. Les employés masculins ont arrêté de se raser ; le personnel féminin a disparu ; et la musique de fond, qui résonnait en permanence dans le lobby, s’est tue. Le gérant lui aurait expliqué: «Nos amis sont là… Alors, plus de musique.» » | Par Margaux Benn | mercredi 18 2021
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