Des forces de sécurité afghanes inexistantes, un président en fuite au Tadjikistan, les fondamentalistes se sont installés dans une place vide. En mai dernier, alors que les taliban contrôlaient déjà une grande partie du pays, nos réalisatrices avaient suivi sur leurs terres les « maîtres des campagnes » dont les lapidations publiques avaient frappé d’effroi le monde entier.
Zainab, 10 ans, passe quatre heures par jour à apprendre le Coran dans une école de fortune, les Taliban n’ayant pas construit d’établissement pour filles. Son père, qui a perdu des proches lors d’une bavure des forces afghanes et américaines, fait l’éloge des combattants, qui assurent selon lui la sécurité du village. Épiciers et agriculteurs, soumis à une vigilance constante, tiennent le même discours…
Les Taliban sont partout : de la législation alimentaire à la fréquence des prières, ils s'immiscent dans tous les aspects du quotidien. Non loin, dans une mosquée, le « gouvernement de l’ombre » décide des lois et des nouveaux interdits. Puis, au pied d’un arbre centenaire, des juges administrent la justice lors d’un tribunal public. Seul sanctuaire pour les femmes, autrement invisibles dans l’espace public : la clinique, où elles partagent leurs peines avec une jeune généraliste venue de la capitale.
En s’immergeant dans un village taliban, et après avoir obtenu un accès très rare au sein des principales institutions, les réalisatrices apportent un éclairage troublant sur la société talibane d’aujourd’hui, et sur les rouages de cet État parallèle ultra-conservateur dont les dirigeants viennent de s’installer symboliquement dans le palais présidentiel, pour y affirmer une mainmise qui laisse préfigurer l’Afghanistan de demain. | Disponible jusqu'au 31/05/2024.
Vues sur YouTube : 295,319