LE FIGARO: Emporté par sa conviction, le président a mené l'offensive diplomatique avant de prendre la tête de la coalition.
«Tu as bien joué», a glissé à Nicolas Sarkozy l'un de ses ministres régaliens au lendemain du vote de la résolution de l'ONU. «Je n'ai pas joué, j'y croyais», lui a répondu le chef de l'État. Il est vrai qu'il y a encore dix jours, personne ne pariait grand-chose sur l'initiative franco-britannique, jugée par beaucoup comme «aventureuse». Nicolas Sarkozy n'a pourtant jamais voulu se lancer dans une opération militaire contre Tripoli sans le sésame de l'ONU.
Samedi, quand il a autorisé les premiers avions français à attaquer les positions de l'armée libyenne, il a agi en chef de file de la coalition et en chef de guerre. «Les Américains n'auraient jamais envoyé leurs avions sans avoir préalablement tapissé de bombes les défenses antiaériennes de l'ennemi», note un proche du président. Du commencement jusqu'à la fin, Sarkozy a donc estimé que le sauvetage des rebelles libyens valait qu'il renoue avec la stratégie du forcing, celle qui lui avait si bien réussi au mois d'août 2008, pendant la crise russo-géorgienne.
Tout commence le 26 février à l'ONU. La France et ses partenaires européens tentent d'obtenir au Conseil de sécurité le vote de la résolution 1970, qui doit proposer des sanctions économiques et des poursuites judiciaires contre Kadhafi et ses proches. Mohammed Shalgham, l'ambassadeur de Libye, prend la parole et stupéfie des homologues du monde arabe en lançant ce jour-là un appel à l'aide pour faire cesser le «bain de sang». C'est du jamais-vu. Ses homologues des pays arabes lui font un triomphe. Son intervention permet de débloquer un vote favorable. » | Par Charles Jaigu | Dimanche 20 Mars 2011