LE FIGARO: Après les attentats du 11 septembre 2001 et sous l'impulsion d'une « telenovela », les conversions se sont multipliées dans les périphéries urbaines du pays.
Cinq fois par jour, Rosangela cherche la direction de La Mecque dans son petit appartement de Vila Ferreira, un quartier pauvre de Sao Bernardo do Campo, une ville industrielle située à quelques kilomètres de Sao Paulo. À 45 ans, sa vie est rythmée par l'islam, qu'elle a embrassé au début des années 1990. Voilée, vêtue d'une longue tunique, Rosangela assure l'accueil au Centre de divulgation de l'islam pour l'Amérique latine. «Je donne aussi des cours sur le Coran», précise-t-elle, soucieuse qu'on ne la prenne pas pour une simple hôtesse.
Converser avec Rosangela n'est pas facile : elle s'interrompt toutes les cinq minutes pour répondre au téléphone ou renseigner des visiteurs sur les conférences du cheikh Jihad Hassan Hammadeh, le directeur du Centre. «La demande de corans en portugais est telle que mon stock est épuisé, assure-t-elle . Alors, en attendant d'être réapprovisionnée, je donne des versions espagnoles.»
Premier pays catholique du monde, le Brésil connaît depuis une décennie une croissance importante de l'islam. «Il est impossible de savoir combien le pays compte de musulmans, puisqu'ils sont enregistrés dans la catégorie “autres”, mais on estime qu'il y en a environ un million», indique Paulo da Rocha Pinto, professeur à l'université Fluminense.
Pour lui, le meilleur indicateur de l'expansion de cette religion est la multiplication du nombre de lieux de culte. Malgré l'arrivée dès le début du XXe siècle de vagues de musulmans, syriens, libanais et palestiniens en majorité - on les appelle au Brésil les «Turcos» en référence à la tutelle qu'exerçait à l'époque l'Empire ottoman -, la première mosquée n'a été inaugurée qu'en 1960. La construction de lieux de culte n'a véritablement commencé qu'à partir des années 1980 et s'est accélérée au début des années 2000. Effet de mode >>> Par Lamia Oualalou | Lundi 01 Février 2010