LE FIGARO: Des extrémistes musulmans menacent de défiler dans le village symbole des soldats tués en Afghanistan, à l'ouest de Londres.
Il est 13 h 55. Les cloches de l'église Saint Bartholomew sonnent le glas, un silence étrange tombe sur la rue principale de Wootton Bassett. Les commerçants ferment leurs boutiques et rejoignent les quelques centaines de personnes qui se sont rassemblées dans le froid glacial le long de la grand-rue du village. Comme à plus de 100 reprises depuis trois ans, les habitants de cette petite agglomération située dans la campagne du Wiltshire, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Londres, viennent saluer le passage des corps de deux soldats britanniques morts en Afghanistan.
Mais cette fois-ci, la courte cérémonie se déroule dans un contexte très particulier : le groupuscule radical islamiste Islam4UK a prévu de venir manifester à Wootton Bassett avec de faux cercueils, pour protester contre «l'assassinat sans pitié» de milliers de civils musulmans afghans par les troupes britanniques et leurs alliés américains. Cette annonce faite par l'imam Anjem Choudary, ancien responsable du groupe musulman extrémiste al-Mujahiroon, dissous par les autorités britanniques, a provoqué une très vive émotion au Royaume-Uni, même si aucune date n'a encore été donné pour la manifestation. Une pétition lancée vendredi dernier sur le site Internet Facebook par une mère de famille anglaise a déjà recueilli plus de 350.000 signatures pour s'opposer à la venue des manifestants islamistes dans ce tranquille village qui est devenu le symbole du respect porté par la population aux soldats morts pour leur patrie. Le premier ministre, Gordon Brown, et le chef des conservateurs, David Cameron, ont dénoncé en des termes très sévères cette récupération d'un lieu cher aux familles des victimes. Le ministre de l'Intérieur, Alan Johnson, a expliqué qu'il envisageait d'interdire la manifestation si les autorités locales du Wiltshire lui en faisaient la demande. Réaction de dégoût >>> Cyrille Vanlerberghe, envoyé spécial du Figaro à Wootton Bassett | Mercredi 06 Janvier 2010
LE FIGARO: Pour ces associations, le but est d'empêcher l'islam radical de devenir «une force politique en Europe» et de «récupérer» leurs centres-villes.
Stop à l'islamisation de l'Europe, Ligue de défense anglaise et galloise, Casuals United : ces organisations, aux noms souvent évocateurs, sont particulièrement actives. Créée en mars dernier, la Ligue de défense anglaise (EDL) est déjà à l'origine d'une dizaine de manifestations à Birmingham, Londres, Manchester ou Leeds contre «l'extrémisme et le terrorisme islamique». «Nous ne sommes pas des nazis ou des racistes, explique Tommy, un porte-parole du mouvement. Plusieurs centres-villes sont infestés d'extrémistes. Certaines femmes ne veulent plus aller faire leurs courses par peur de cette vingtaine d'hommes habillés en robes islamiques qui crient des slogans antibritanniques et qui appellent au djihad et à la haine raciale. Ce sont nos centres-villes et nous voulons les récupérer.» Même son de cloche du côté du groupe Stop à l'islamisation de l'Europe (SIOE), crée au Danemark en 2007 et qui est apparu cette année en Grande-Bretagne. «Notre but est d'empêcher l'islam radical de devenir une force politique en Europe», peut-on lire sur leur site Internet.
Pourtant, plusieurs organisations de lutte contre le racisme dénoncent les liens de ces groupuscules avec les partis d'extrême droite et le hooliganisme. «EDL et les autres sont des groupes racistes, un club d'alcooliques, qui n'a qu'un but : attaquer les Asiatiques», explique Unis contre le racisme. >>> Valentine Piedelièvre, à Londres | Mercredi 06 Janvier 2010