LE TEMPS: Les 3 millions d’électeurs irlandais qui se sont prononcés vendredi sur le Traité de Lisbonne n’auront pas le dernier mot. L’eurosceptique président tchèque restera l’ultime obstacle
«Après avoir été l’otage des 3 millions d’électeurs irlandais, l’Union européenne va se retrouver prisonnière d’un seul eurosceptique.» A Bruxelles vendredi, la colère commençait déjà à se déchaîner contre le très eurosceptique président tchèque.
Si le second référendum irlandais – dont les résultats n’étaient pas encore disponibles hier soir – accouche d’un oui au Traité de Lisbonne, l’entrée en vigueur de celui-ci dépendra en effet entièrement de Vaclav Klaus. Lequel s’abrite derrière une nouvelle plainte devant la Cour constitutionnelle (qui a déjà statué favorablement au printemps) déposée le 29 septembre par des sénateurs de son ex-Parti libéral pour refuser de signer le traité, pourtant voté par le parlement tchèque.
Vaclav Klaus avait officialisé son opposition au texte destiné à réformer les institutions communautaires lors de son discours le 19 février à Bruxelles devant le Parlement européen, affaiblissant ainsi son pays qui présidait alors l’UE. Le chef de l’Etat tchèque doit signer la loi de ratification des traités. Or aucun traité européen ne peut entrer en vigueur sans avoir été ratifié par tous les Etats membres.
Le feuilleton politique pourrait néanmoins, cette fois, tourner au vinaigre entre les Etats membres. Jusque-là, et compte tenu de l’échec du premier référendum irlandais du 12 juin 2008, la patience était de rigueur. Partisan de la première heure d’un nouveau vote en Irlande – seul pays de l’UE à consulter sa population – Nicolas Sarkozy avait lui-même d’emblée proposé de modifier le Traité de Lisbonne pour conserver le principe d’un commissaire européen par pays jusqu’en 2014, afin de rassurer les Irlandais. Puis d’autres garanties en matière d’avortement, de neutralité et de souveraineté fiscale avaient été concédées à Dublin. Appel au forcing >>> Richard Werly | Samedi 03 Octobre 2009