Tuesday, September 15, 2009

Musharraf avoue avoir détourné l'aide américaine

Pervez Musharraf (ici en mars 2009) réside depuis plusieurs mois à Londres. Crédits photo : Le Figaro

LE FIGARO: L'ancien général-président a utilisé des fonds destinés à la lutte contre les talibans pour renforcer son dispositif militaire face à l'Inde.

Retiré du pouvoir depuis plus d'un an et quasiment en exil à Londres depuis plusieurs mois, Pervez Musharraf continue de faire des vagues. L'ancien général-président pakistanais, qui a démissionné le 18 août 2008, vient d'admettre qu'il avait détourné l'aide américaine consentie au Pakistan pour lutter contre les talibans dans les zones tribales, en bordure de l'Afghanistan, au profit d'un renforcement militaire à la frontière avec l'Inde. «C'était dans l'intérêt du Pakistan, voilà pourquoi j'ai agi ainsi», a-t-il déclaré à la chaîne de télévision pakistanaise Express News. «Et je me moque bien de savoir si cela met les États-Unis en colère», a-t-il poursuivi, soulignant dans la foulée qu'il n'avait pas eu d'autre choix que de faire alliance avec les Américains en 2001. «Ils menaçaient de bombarder le Pakistan !», a-t-il rappelé.

Cette confession tardive est un pied de nez à Washington, qui n'a jamais osé «froisser» son allié pakistanais en lui demandant des comptes sur les 11 milliards de dollars déboursés en sa faveur depuis 2001. Elle place aussi le gouvernement civil d'Islamabad dans une position difficile à l'heure où, aux États-Unis, le Congrès doit se prononcer sur un nouveau paquet financier pour le Pakistan. Cet apport d'argent frais est avant tout destiné à aider le pays à faire face à la crise humanitaire sans précédent engendrée par les opérations de l'armée contre les talibans. Au printemps, plus de deux millions de personnes ont fui la région de Malakand et la vallée de Swat. Depuis la semaine dernière, de nouveaux réfugiés déferlent sur Peshawar en provenance de la passe de Khyber où le conflit fait rage. Clinton attendue en octobre >>> Marie-France Calle, correspondante du Figaro à New Delhi | Lundi 14 Septembre 2009