ZAMAN FRANCE: Charles L. Tieszen a récemment publié aux éditions Brill un essai intitulé
Christian Identity amid Islam in Medieval Spain. L’orientaliste spécialiste des relations interreligieuses y examine la manière dont les chrétiens arabisés d’Espagne définissaient leur identité à la lumière de l’islam. On les appelle Mozarabes, c’est-à-dire, littéralement, «arabisés» (
musta‘rab). A Léon depuis 1024, à Tolède en 1101, à Coïmbre en 1154, ce nom s’est imposé pour désigner les chrétiens latins indigènes qui, dès les premières décennies de la conquête islamique au VIIIe siècle, ont adopté la langue, la culture et les mœurs arabes. Leur acculturation rapide et profonde témoigne de la fascination exercée par la culture arabo-musulmane. Si elle ne mène pas nécessairement à la conversion, elle en constitue le plus souvent le prélude, la conversion à l'islam devenant l’expression finale de l'acculturation. La communauté mozarabe, qui va en s’amenuisant, disparaît presque totalement au XIIe siècle. Entretemps, une autre communauté indigène ne cessera de croître, devenant progressivement majoritaire, celle des
Muwallads, convertis de souche hispanique, originellement de confession chrétienne ou juive. Ils finiront également par disparaître en tant que communauté socialement distincte, du fait de la multiplication des mariages avec les descendants des conquérants arabes ou berbères, à l’origine du
melting pot islamo-andalou.
» | Par Seyfeddine Ben Mansour | vendredi 30 août 2013