TRIBUNE DE GENÈVE: Une pluie de critiques s'est abattue sur l'archevêque de Canterbury qui prône l'application partielle de la loi islamique au Royaume-Uni.
Le Royaume-Uni ne s'est jamais vraiment remisdes attentats sanglants du 7 juillet 2005, perpétrés contre les transports en commun deLondres par quatre jeunes kamikazes britanniques musulmans. La vive controverse provoquée par les propos tenus jeudi sur la BBC par l'archevêque de Canterbury, Rowan Williams, comme quoi la charia devrait être appliquée en certaines circonstances dans le pays, a une nouvelle fois mis en exergue les failles du communautarisme à la britannique.
«Il est possible de trouver ce qui serait un arrangement constructif avec certains aspects de la loi islamique, comme nous le faisons déjà avec des aspects d'autres lois religieuses.» Le chef de file des vingt à trente millions de fidèles anglicans au Royaume-Uni ne préconise pas les formes les plus extrêmes de la loi coranique, comme l'instauration de châtiments corporels ou les discriminations envers les femmes.
A écouter ce partisan du dialogue interreligieux, les affaires familiales divorce, garde des enfants, héritage, etc. pourraient être confiées, sous certaines conditions, à des tribunaux musulmans. Il existe déjà plusieurs conseils de la charia outre-Manche pour les questions de divorce ou l'approbation de produits financiers. Mais à l'instar des cours d'arbitrage créées par les juifs orthodoxes, ces tribunaux n'ont toutefois aucun statut légal.
Le premier ministre, Gordon Brown, a immédiatement pris ses distances avec la sortie de l'archevêque: «La loi britannique doit s'appliquer dans ce pays, basée sur les valeurs britanniques.»
Ce refus a fait l'unanimité du monde politique de Westminster, pour qui ce n'est pas tant l'idée qui compte que la façon dont elle sera interprétée. Aux yeux de ses détracteurs, dans cette proposition du chef de l'Eglise d'Angleterre, religion d'Etat dont le gouverneur suprême est la reine Elizabeth II, les extrémistes musulmans verront l'expression d'un fléchis-sement de l'establishment britannique face aux pressions des fondamentalistes. «Il n'est pas question d'ériger un système légal parallèle. Cette déclaration est un facteur de division plutôt que d'encouragement au multiculturalisme moderne», estime Trevor Phillips, responsable de la commission pour l'égalité et les droits de l'homme. A l'écouter, le Dr Williams aurait mieux fait de se taire sur l'un des sujets les plus explosifs de notre temps. Persona non grata >>>
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