LE MONDE – ÉDITORIAL : La décision de la première ministre britannique marque l’échec des promesses liées à la décision de sortir de l’Union européenne. En tirer les leçons risque d’être long et douloureux mais cela est indispensable pour retrouver le chemin de la stabilité et de la prospérité.
Aucun premier ministre britannique depuis 1945 n’est resté si peu de temps au pouvoir que Liz Truss, démissionnaire, jeudi 20 octobre, après seulement quarante-quatre jours passés à Downing Street. Que le pays d’Europe au système démocratique le plus enraciné du continent soit à son tour atteint par l’instabilité n’est, en soi, pas une bonne nouvelle. Qu’une puissance désormais moyenne, mais qui compte dans le monde, soit prise dans un tourbillon de crise économique et politique, au moment où l’agression russe en Ukraine met à l’épreuve l’unité et la résilience de l’Europe, n’en est pas une non plus.
Vertigineuse, la chute de Liz Truss n’en était pas moins annoncée. La brutalité et l’absurdité de ses annonces économiques, faites de baisses d’impôts massives pour les riches non financées, ont été sanctionnées non seulement par les milieux financiers – où certains l’avaient mise en garde –, mais par l’opinion, atterrée par le dévissage immédiat du pays, là où elle promettait la croissance. Sa volte-face, marquée par le limogeage de son ministre des finances et l’abandon de son propre programme, avait achevé de ruiner le peu de crédibilité et d’autorité qui lui restait. » | Éditorial « du Monde » | vendredi 22 octobre 2022
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