LE FIGARO: Après avoir vu la mémoire de son père insultée par le quotidien populiste, Ed Miliband, leader du Parti travailliste, a entrepris une croisade risquée contre les méthodes du tabloïd. Correspondant [du Figaro] à Londres
«L'homme qui haïssait la Grande-Bretagne.» En titrant ainsi un article sur le père défunt du leader travailliste Ed Miliband il y a huit jours, le Daily Mail a déclenché une tempête politico-médiatique qui ne retombe pas. Après le scandale du piratage téléphonique par le groupe Murdoch il y a deux ans, ce quotidien populaire indépendant, vendu à 1,9 million d'exemplaires et numéro deux mondial de la presse en ligne, se trouve à son tour sur la sellette pour des pratiques cavalières.
Dans son article, le Mail dénonçait les convictions marxistes de Ralph Miliband, réfugié juif de Belgique en Grande-Bretagne avant la Seconde Guerre mondiale. A 17 ans, il critiquait le nationalisme atavique des Anglais, se laissant aller à ironiser dans son journal intime: «On souhaiterait presque qu'ils perdent la guerre pour leur donner une leçon». Ce qui ne l'a pas empêché de combattre dans les rangs de la Royal Navy. Pourquoi s'en prendre à cet homme, mort il y a vingt ans? Le tabloïd a décidé de passer à l'offensive après les déclarations de son fils, surnommé «Red Ed» par la presse, au congrès de son parti, où il a assumé vouloir mener une politique «socialiste». » | Par Florentin Collomp | vendredi 04 octobre 2013