LE MONDE: Les Espagnoles peuvent désormais avorter librement. Une loi, qui entre en vigueur lundi 5 juillet, autorise les interruptions de grossesse à 14 semaines sans justification, et jusqu'à 22 semaines s'il existe un risque pour la santé de la mère ou si le fœtus présente des malformations.
Jusqu'à présent, la loi n'autorisait l'avortement qu'en cas de viol (12 semaines), de malformations du fœtus (22 semaines) ou de "danger pour la santé physique ou psychologique de la mère" (sans limitation de temps). L'immense majorité des avortements réalisés en Espagne étaient pratiqués pour "risque psychologique". Un entretien avec un spécialiste était dans ce cas nécessaire pour avorter. Selon les médias espagnols, certains médecins auraient accepté de faire passer des patientes pour "fragiles psychologiquement" afin de les laisser interrompre leur grossesse, parfois contre rémunération. Quelque 115 000 avortements ont eu lieu en Espagne en 2008, selon le ministère de la santé espagnol.
Le texte doit entrer au vigueur ce lundi, mais le le Tribunal constitutionnel a accepté d'examiner le recours soumis par l'opposition de droite, le Parti populaire. Le PP estime que le droit à l'avortement est inconstitutionnel, violant un article selon lequel "chacun a le droit de vivre". Le gouvernement espagnol, lui, semble confiant quant à la viabilité juridique de son texte. La ministre de l'égalité, Bibiano Aido, a affirmé qu'elle n'avait "aucun doute" sur le fait que la loi était "tout à fait constitutionnelle". >>> Judith Duportail, LeMonde.fr | Lundi 05 Juillet 2010