Monday, April 12, 2010

Les doutes de la France sur les visions de la Maison-Blanche

LE FIGARO: Si officiellement, la France applaudit aux initiatives de désarmement nucléaire de Barack Obama, elle s'estime par ailleurs «hors concours» en matière de désarmement stratégique.

Officiellement, Paris applaudit aux initiatives de désarmement nucléaire de Barack Obama. À l'Élysée, on considère que le président américain a «raison de vouloir avancer sur tous les fronts». «Dans cet immense chantier, nous sommes à côté de lui», souligne-t-on.

En apparence, ce «chantier» lancé à Prague il y a un an par le nouveau président américain, qui rêve d'un monde débarrassé des armes nucléaires, avance à pas de géant. Russes et Américains ont enfin trouvé un accord pour renouveler le traité de désarmement stratégique Start, enclenchant ainsi une normalisation de leurs relations; la nouvelle posture nucléaire américaine (NPR) a réduit le rôle de la dissuasion; les experts en communication de la Maison-Blanche ont réussi à faire du sommet de Washington une réussite avant même qu'il ne commence… Bref, tout va bien dans le meilleur des mondes.

La réalité est en fait un peu différente. Les visions, d'abord. Celle d'Obama, même si elle s'inscrit dans un projet à très long terme, suscite parfois la controverse, des deux côtés de l'Atlantique. Dans un contexte général de prolifération, quotidiennement alimenté par l'Iran et la Corée du Nord, beaucoup estiment qu'il serait dangereux que les grandes puissances nucléaires baissent trop vite la garde. La France, qui a déjà largement diminué la taille de sa dissuasion pour la maintenir au strict niveau de suffisance, et qui considère qu'elle est la garantie ultime de sa sécurité et de son indépendance, s'estime par ailleurs «hors concours» en matière de désarmement stratégique. >>> Par Isabelle Lasserre | Dimanche 11 Avril 2010