Thursday, February 04, 2010

L'extrême droite toujours vivace en Autriche

Heinz-Christian Strache, le leader du parti d'extrême droite FPÖ , le 10 janvier lors d'un meeting à Vienne. Crédits photo : Le Figaro

LE FIGARO: Dix ans après les sanctions de l'UE, l'euroscepticisme reste vivace.

Dix ans après, Andreas Khol n'a rien oublié. L'ancien président du Parlement autrichien et député du parti conservateur autrichien (ÖVP) se souvient parfaitement de cette conversation téléphonique avec Jacques Chirac, le matin du 27 janvier 2000. Ce jour-là, le président de la République française a tenté de convaincre l'ÖVP de ne pas s'acoquiner avec le Parti autrichien de la liberté (FPÖ, extrême droite) dans un gouvernement de coalition inédit. L'Europe ne pourrait laisser passer une telle provocation. Andreas Khol a beau expliquer qu'il est impossible à son parti d'ignorer le FPÖ et ses 27 % de voix, voire 33 % d'intentions favorables, rien n'y fait. «On va vous isoler , menace le chef de l'État français. L'Autriche va le payer cher.» Le 4 février 2000, le gouvernement «noir-bleu» de Wolfgang Schüssel est intronisé à Vienne. L'extrême droite se hisse triomphalement au pouvoir, tandis qu'un vent de panique souffle sur l'Europe prise de court. L'Union européenne vote en catastrophe des sanctions. Du jour au lendemain, ministres et diplomates autrichiens affrontent quolibets et portes closes. Des programmes d'échanges scolaires sont annulés. Le Guide du routard barre son édition Autriche 2000 d'un bandeau noir symbolique. Le bras de fer va durer six mois, jusqu'à ce qu'en septembre, de guerre lasse, l'Europe renonce aux sanctions.

Une décennie plus tard, les choses ont bien changé. L'extrême droite a quitté le gouvernement en janvier 2007, usée par le pouvoir. Son leader emblématique, Jörg Haider, s'est tué dans un accident de voiture en octobre 2008. En Europe, le souvenir même des sanctions s'estompe lentement, surtout depuis l'irruption de l'extrême droite au gouvernement en Italie, en Slovaquie ou encore au second tour de l'élection présidentielle française en avril 2002. >>> Maurin Picard, Vienne | Jeudi 04 Février 2010