LE FIGARO: Très jeunes, peu éduqués, ils constituentune cible de choix dans le recrutement d'al-Qaida dans la péninsule arabique.
Les vétérans du djihad les appellent «les gamins de l'Internet». Des jeunes d'à peine 20 ans, endoctrinés sur la Toile, sans avoir jamais croisés Oussama Ben Laden et les autres leaders historiques d'al-Qaida. «Nous assistons à l'émergence d'une nouvelle génération de militants, souvent au chômage, très peu éduqués, qui sont la cible du recrutement d'al-Qaida au Yémen», explique l'analyste yéménite Mourad Zafir. Tel Abdel Rahman al-Ujairih, ce kamikaze de 18 ans, inconnu des services de sécurité, qui tua quatre touristes sud-coréens et leur guide local en mars dernier, en se projetant contre eux avec des explosifs. Depuis «nous avons capturé des dizaines d'autres jeunes, certains avaient planifié des attentats suicides», reconnaît le vice-ministre des Affaires étrangères, Mohy Dhabi. Jeudi, les autorités ont annoncé avoir suspendu, dans les aéroports l'octroi de visa d'entrée aux étrangers, un certain nombre d'entre eux étant soupçonnés de venir grossir les rangs d'al-Qaida.
L'Irak fut le terrain d'entraînement de cette nouvelle génération de djihadistes. À partir de 2003, de nombreux Yéménites allèrent y affronter les troupes américaines. «N'oubliez pas que Zarqaoui (le chef d'al-Qaida en Irak, jusqu'à sa mort en 2006, NDLR) était entouré de plusieurs Yéménites» , relève le journaliste Abdullilah Shaya. Mais contrairement à leurs aînés «afghans», ces djihadistes ne se contentèrent pas de s'entraîner, ils combattirent deux, voire trois ans, face à la plus puissante armée du monde. À leur retour au Yémen, cette «expertise» ne tarda pas à produire ses effets : les premières attaques au mortier contre des ambassades eurent lieu en 2007. >>> Georges Malbrunot, Envoyé spécial du Figaro à Sanaa | Jeudi 21 Janvier 2010