LE TEMPS: Voitures de luxe carbonisées, cocktails Molotov contre des commissariats, quartiers branchés ciblés: les autonomes ont radicalisé leur mouvement l’année dernière
Thomas n’en est toujours pas revenu: par un dimanche matin de novembre, il trouve un petit tas carbonisé à l’endroit même où se trouvait la veille au soir l’Audi A8 dernier cri qu’il avait garée devant sa porte, à Prenzlauer Berg, un quartier «bobo» de Berlin. Les policiers enregistrent sa déposition avec routine… L’année dernière, près de 300 véhicules, la plupart de luxe, ont brûlé dans les rues de Friedrichshain, Kreuzberg et Prenzlauer Berg, trois quartiers branchés de la capitale.
Thomas et son Audi, une voiture prêtée par le fabricant à des fins professionnelles (Thomas teste les nouveaux modèles pour la presse allemande), ne semble nullement impressionner les forces de l’ordre. La destruction de la voiture d’une valeur de 170 000 euros (255 000 francs) vient s’ajouter à la liste déjà longue des délits imputés à l’extrême gauche berlinoise depuis le début de l’année. Les autonomes chercheraient ainsi à freiner le mouvement d’embourgeoisement de quartiers ouvriers devenus branchés, et peu à peu vidés de leur population d’origine.
Voitures en flammes; affrontements de rue; cocktails Molotov lancés contre un commissariat ou un local utilisé par l’extrême droite; attaques contre des représentants des forces de l’ordre: les violences des activistes d’extrême gauche se sont multipliées l’année dernière en Allemagne. Berlin est en premier lieu concerné. Mais le mouvement touche aussi Hambourg, Francfort, Leipzig et Potsdam. >>> Nathalie Versieux | Samedi 23 Janvier 2010
