LE FIGARO: Les actes de vandalisme contre les lieux de culte se multiplient et les relations entre musulmans et chrétiens s'enveniment.
Ils tendent leurs paumes vers un Christ auréolé de rose fluo et ils pleurent. De leurs prières, des mots s'échappent : «cocktail Molotov», «stupeur», «liberté religieuse menacée». La brume ne s'est pas encore dissipée sur les faubourgs de Kuala Lumpur, mais, dans l'église de l'Assomption, vandalisée il y a peu, les paroissiens sont venus nombreux pour évoquer la «querelle d'Allah».
La Malaisie est secouée par une vague de violences inédites contre ses églises. En quelques jours, onze lieux de culte ont été la cible d'attaques et de dégradations. Au départ de la polémique qui divise le pays : The Herald. Cet hebdomadaire catholique local revendique le droit d'user, pour désigner Dieu, du terme d'«Allah» dans son édition de langue malaise, destinée aux fidèles de l'île de Bornéo. À l'issue d'une longue bataille juridique, la Haute Cour de Kuala Lumpur a autorisé, le 30 décembre dernier, les non-musulmans à utiliser le nom «Allah» dans leurs écrits. Mais, face à la colère de groupes islamiques et aux pressions du gouvernement, qui a agité la menace de tensions interconfessionnelles, cette même cour a suspendu son autorisation le 6 janvier dans l'attente d'un jugement en appel. >>> Florence Compain, Envoyée spéciale du Figaro à Kuala Lumpur | Vendredi 29 Janvier 2010