LE FIGARO: Des documents déclassifiés, rendus public mercredi, montrent une «Dame de Fer» brutale avec ses collaborateurs, amatrice de whisky et un peu pingre.
L'ancien premier ministre britannique Margaret Thatcher fut bien plus tranchante et politiquement incorrecte que les historiens ne le soupçonnaient. Des documents déclassifiés couvrant son arrivée à Downing Street en 1979, ont dépeint, à la surprise de la presse d'outre-Manche, une «Dame de Fer» inflexible faisant preuve «d'un degré de racisme personnel choquant», d'après le Guardian. Les archives rendues publiques mercredi montrent notamment une Margaret Thatcher peu tolérante vis-à-vis des boat-people vietnamiens.
Le premier ministre «pensait que c'était une mauvaise idée d'attribuer à ces immigrés des logements sociaux alors que les citoyens blancs n'en recevaient pas. Cela créerait des émeutes», note un compte-rendu d'une rencontre entre Margaret Thatcher et son ministre des Affaires étrangères. Selon le Telegraph, qui relate l'anecdote, le ministre essaie de convaincre la «Dame de Fer» de laisser 10.000 réfugiés vietnamiens s'établir en Grande-Bretagne d'ici à 1981. «En accueillir moins renverrait une très mauvaise image de l'Angleterre», plaide-t-il. Mais pour la chef de file des Tories, la Grande-Bretagne abrite déjà trop d'immigrés. «A quelques exceptions près, il n'y avait aucune raison humanitaire pour autoriser l'entrée des 1,5 million habitants d'Asie du Sud et d'ailleurs qui sont là. Il faut bien établir une limite».
«Tous les citoyens qui ont envoyé un courrier disant soutenir les boat-people devraient en héberger un chez eux», poursuit-elle. Evoquant la situation en Rhodésie (ancien nom du Zimbabwe) dont Robert Mugabe, opposant au régime ségrégationniste d'alors, est devenu l'homme fort, elle confie en revanche «avoir moins d'objection à accueillir les réfugiés [blancs] de Rhodésie, de Pologne ou de Hongrie qui sont beaucoup plus faciles à assimiler».
Les archives de Downing Street dévoilent aussi les projets les plus étranges de la «Dame de Fer». Margaret Thatcher proposa ainsi à son homologue australien d'acheter en commun une île indonésienne ou philippine pour héberger les boat-people. L'hostilité de Singapour fera capoter le plan. Finalement face à la pression de l'ONU, le premier ministre acceptera d'ouvrir les frontières à 10.000 Vietnamiens sur trois ans, avec une préférence pour ceux parlant anglais. Annotations laconiques au vitriol >>> Constance Jamet (lefigaro.fr) avec AFP | Mercredi 30 Décembre 2009