leJDD.fr: Un an après son élection, les Américains veulent toujours croire aux promesses de Barack Obama. Mais la désillusion gagne…
A 64 ans, Eileen Morrison est une débarquée du rêve américain."Je n’ai pas connaissance d’une époque aux Etats-Unis où l’on en arrive à gagner moins que ses parents", s’exclame la sexagénaire qui vit dans un trois-pièces d’un HLM de la banlieue sud de Daytona. L’appartement donne sur l’autoroute 95 qui longe la côte est de la Floride et relie Jacksonvil le à Miami. Abandonnée par son mari, Eileen a dû se remettre au travail. Elle est hôtesse à temps partiel dans une agence immobilière pour 1400 dollars par mois (946 euros). Pas vraiment la vieillesse dont elle avait rêvé. Pas vraiment non plus celle que lui avait promise Barack Obama, qu’elle a contribué à faire gagner la présidentielle il y a tout juste un an.
Pour autant, Eileen n’en veut pas à son président, qu’elle respecte pour sa « stature intellectuelle », son intégrité et sa volonté de réforme. Ce soir, en bonne militante, elle va même organiser dans son appartement une séance de "phoning" pour promouvoir par téléphone la réforme de l’assurance santé que la Maison-Blanche a tant de mal à imposer. Malgré plusieurs avancées notoires ces dernières semaines, le projet est toujours menacé par quelques élus démocrates "centristes". "Je me sens trahie par mon propre camp, soupire Eileen. Je n’arrive pas à comprendre que pour des intérêts politiques aussi minces, on puisse mettre en péril la seule réforme urgente dont a besoin ce pays." Est-ce aussi la faute d’Obama, de son sens trop poussé du compromis? Non, pas forcément. Même si elle le conjure de "cesser de jouer trop finement, de passer à l’action et d’être fort". >>> François Clemenceau, envoyé spécial du JDD à Daytona (Floride), Le Journal du Dimanche | Dimanche 01 Novembre 2009